A travers l'image d'un jouet mécanique, un petit homme en fer-blanc porteur d'une valise qui recule au lieu d'avancer, Rodrigo Fresan décline dans ce roman la figure de l'écrivain, un être qui ne peut se projeter que dans le passé et qui, dès l'instant où il touche à la réalité, la transforme en vérité littéraire. Pour Fresan, les personnages réels ne sont pas plus véridiques que les personnes imaginaires Ici, les personnages réels hantent les lieux de l'enfance, comme l'éternelle plage de Canciones Tristes, et deviennent des personnes imaginaires lorsque L'Ecrivain raconte les aventures de sa soeur folle Penélope au pays d'Abracadabra, fief de la dynastie Karma ; ou celles du Garçon, qui rêve de devenir écrivain, vole le petit jouet en fer blanc afin de percer le secret de son maître, mais ne peut que répéter à l'infini les mêmes paroles d'adieu sur les marches d'un musée. Les récits envoûtants de Rodrigo Fresan, où la musique pop tient une grande part, se devaient d'insister sur la solitude de l'écrivain. Créateur tout-puissant, il meurt parfois de l'incompréhension des hommes, tel Scott Fitzgerald, l'auteur de Tendre et la nuit, chef d'oeuvre auquel Rodrigo Fresan consacre des pages magnifiques. Ce livre vertigineux, plein d'ironie et tissé de multiples références récurrentes, se place dans la lignée des mémoires de grands romanciers américains comme Philip Roth, Vladimir Nabokov ou encore William Gaddis.Rodrigo Fresan est né en 1963 à Buenos Aires. En 1991 il publie son premier livre, Histoire argentine, qui est aussitôt un best-seller. En 1999, il s'installe à Barcelone où il travaille comme critique littéraire et dirige une collection de romans noirs. Nourri de culture anglo-saxonne, de Philip K. Dick à John Cheever, il impose, avec Les Jardins de Kensington, Mantra et Le Fond du ciel, une oeuvre vertigineuse, fertile en rêves et en visions, qui fait de lui un écrivain atypique, transgresseur et incontournable.