Dormir cent ans ? Comme la fameuse Belle, s’enfoncer dans le bois dormant de l’inconscient pour parcourir l’obscurité, traverser les obstacles, dompter la peur et désirer... Oui mais qu’elle est longue cette nuit adolescente ! Parce que c’est bien de cela dont il s’agit : grandir. Dans Modèles et Sirènes, la metteuse en scène et formidable raconteuse d’histoires explorait tour à tour la féminité et la transmission familiale. Pour cette nouvelle création, elle convoque le fantastique pour évoquer cet âge troublant, ce passage passionnant où l’être « dort sa vie ». Une nuit d’attente, de vide « rempli de possibles », d’un temps nécessaire à « ne rien faire » pour se forger. Depuis les contes de fées versions Frères Grimm ou Charles Perrault, éclairés par les célèbres psychanalyses de Bruno Bettelheim, inspirés de leurs souvenirs intimes, l’auteure et sa bande d’acteurs sillonnent le champ de l’irréel ou du fantasme pour mieux sonder nos profondeurs. Les histoires s’entremêlent et racontent simplement le corps qui change, la honte, l’arrivée du désir, la peur de l’amour. Dans cette virée contée façon rock (jouée live par Vincent Hulot, musicien complice), on croise même l’ombre de Patti Smith... Parce que la nuit nous appartient nous transforme et nous ressource ; parce que l’avenir nous appartient, non ?